Compte-tenu du fait que l’hivernage 2019-2020 de Taira ne pouvait se pas se faire à la Trinité faute de hangar disponible et d’une capacité de transport du port au lieu de l’hivernage, le bateau est retourné au chantier le Borgne à Baden où il a déjà passé de longs hivers à l’abri.
La pandémie est survenue, la préparation habituelle du bateau prévue en avril pour une mise à l’eau début mai à une date avec un coefficient de marée supérieur à 85 a été repoussée en juin quand il a été possible de se déplacer. L’équipe de Taïra a passé une quinzaine de jours au chantier pour effectuer les préparatifs habituels : grattage et antifouling sur les œuvres vives, peinture des œuvres mortes, vernis des hiloires , listons et capots, une couche de vernis sur le mat et la bôme, contrôle du gréement, vérification des pompes de cale, des hivernage du moteur, armements du bateau (couchettes, voiles, vaisselle, documents, etc.).
Nous n’avons noté aucun problème particulier et comme nous le faisons habituellement nous avons rempli d’eau de mer la cale 24 heures avant la descente.
Taïra était superbe !
Vers 17 heures, à la marée haute, le bateau a été mis à l’eau : il descend sur son ber roulant, sur une cale inclinée, et lorsqu’il flotte le moteur est lancé et le ber largué.
Tout se passe normalement si ce n’est que, une minute après avoir largué le ber, l’équipe se trouvant à l’intérieur pour surveiller le bon démarrage du moteur annonce que le bateau se remplit d’eau à grande vitesse. Nous sommes habitués à ce qu’à chaque mise à l’eau il y a une période (une douzaine d’heures) pendant laquelle le bateau fait eau du fait des bordés qui ont séché. D’ordinaire la mise en route des pompes suffit à maîtriser le phénomène.
Cette fois ci, les entrées d’eau sont très importantes, beaucoup plus que d’habitude ; il est manifeste que les moyens de pompage ne vont pas étaler!
Aussitôt, au lieu de se rendre sur un mouillage comme il était prévu, Taïra est dirigée vers le quai proche de la cale de mise à l’eau. À 15 m du quai, l’alarme moteur se déclenche et celui ci est aussitôt stoppé. Le bateau, bien que très lourd du fait de la quantité d’eau dans la cabine, répond néanmoins à la barre. Il arrive contre le quai et s’échoue presque instantanément car la marée descend. Après de nombreuses difficultés pour démarrer les deux motopompes que nous avions « au cas où », nous pouvons vider le bateau. L’eau est montée au-dessus du moteur mais est resté en dessous du niveaux des batteries.
Compte tenu de l’impossibilité de réparer le moteur rapidement et du fait que la prochaine marée ayant un coefficient de suffisant pour une mise à l’eau était fin juillet, nous avons décidé de désarmer, sortir le bateau et faire le nécessaire pour sauvegarder ce qui avait est submergé et mouillé.
Pas de saison de navigation pour Taïra en 2020 mais nous sommes bien heureux d’avoir pu éviter qu’il ne coule au milieu de la rivière d’ Auray! Depuis cet événement nous avons pu faire réparer les pièces électriques du moteur (alternateur et démarreur) et après l’avoir gavé d’huile et re-purgé nous avons pu faire le faire tourner une heure en septembre.
La cause de ce pseudo naufrage : deux mois supplémentaires sous hangar par un temps très sec et très chaud ayant occasionné un séchage excessif des bordés.
Cependant, afin que de s’assurer qu’il n’y avait pas une autre cause que nous n’aurions pas vue il a été demandé à un charpentier de marine de contrôler les œuvres vives et de reprendre le calfatage là où il le jugerait nécessaire.
Thierry Jouve & François Pouchet