Indispensable pour le cap, le compas de mer est tout d’abord le fruit d’une première invention d’un Chinois qui eut l’idée géniale, vers l’an 1200, de monter une aiguille aimantée sur un pivot.
Celui-ci était centré sur une sorte de disque de bois divisé en 32 quarts et les choses en seraient peut être restées là si, cent ans plus tard, un artisan napolitain n’avait pas eu l’astucieuse idée de monter une rose légère directement sur l’aiguille elle-même.
Ces premières roses furent tout d’abord montées dans des sortes de cuvettes en bois tourné puis peu à peu installées à cardan dans des réceptacles de laiton.
Les roses tournaient alors dans le vide mais, pour une meilleure sensibilité, on fut obligé d’accroitre le volume de l’acier aimanté avec pour effet inévitable de s’opposer par son poids à la bonne rotation de la rose. Les fabricants cherchèrent alors à tenter d’annihiler une partie des frottements avec des pivots montés sur des chapes en pierre dure mais cela ne suffisait toujours pas de telle sorte qu’ils en vinrent à placer le tout dans un liquide sustentateur avec un flotteur.
Le compas sec se vit ainsi à partir de 1900 remplacé par un nouveau type de compas dit liquide: un bain d’eau et d’alcool ou de glycérine dont les mélanges empêchent toutes congélations éventuelles.
Dans le même temps, un système d’éclairage, au départ à la bougie, permettait la lecture de nuit. La déviation qui restait peu sensible sur les bateaux en bois devint indispensable sur les navires en acier d’où la compensation nécessaire avec des aimants permanents et les boules de fer doux, verte et rouge, qui agrémentent joliment les habitacles modernes.
Notre compas illustré ici, data de la fin du XIXème siècle, est un compas sec signé de Lilley & Reynolds London « Dent’s Patent Compass n°216 » sous brevet du grand fabricant anglais Dent, en activité de 1770 à 1853.
Il était utilisé, parfois en paire, sur les embarcations de taille moyenne. Plus tard, après le désastre du Titanic en 1912, ce type de compas fut systématiquement monté sur les canots de sauvetage de la quasi totalité des compagnies.
.Dominique DELALANDE