Le bateau dans son contexte historique :
Naviguant à la voile ou aux avirons, légère et manœuvrante, la baleinière sert traditionnellement aux liaisons en rade des navires, à l’époque où ils sont plus souvent au mouillage qu’à quai.
Gervaise les a abondamment illustrées dans les épisodes cocasses de la Marine du XIXe siècle. Les baleinières destinées au transport des amiraux disposent de ferrures en cuivre-laiton ou cuivre rouge et les bancs de la chambre, les dosserets, et le banc le plus arrière étaient en tek ou en acajou du Honduras. Grâce à leurs qualités nautiques elles sont utilisées également pour le sauvetage en mer.
Depuis une cinquantaine d’années, avec la généralisation du moteur, elles servent à la formation des marins ou aux loisirs. La poupe effilée des baleinières est issue des anciennes « pirogues de chasse ». Les plans, établis en 1902, n’ont plus changé ensuite.
Quatre classes de baleinières sont conçues et se distinguent par leur longueur : 6 m, 7 m, 8 m et 8,50m. Le safran et la barre peuvent être remplacés par un aviron de queue – utile pour les arrivées sur une plage avec du ressac – ou par une barre à tire-veille. Il existe une tente de nage placée à 1,25 m au-dessus des bancs de nage. Les baleinières sont équipées du système « Level » qui permet, grâce à 2 crocs à échappement reliés à une tringlerie et un levier de manœuvre, un largage rapide et simultané sur l’avant et l’arrière de l’élingue de suspension. Leur mise à l’eau est ainsi facile et rapide.
La restauration :
Une baleinière de 7 m, Jacques Chauveau, attend, remisée dans le pavillon Savare de Caen.
En 2008, inspiré par l’exemple du canot de 10,50m, Prince Eric, un groupe de jeunes gens de Courseulles-sur-Mer et environs sollicite Amerami pour l’exploiter. Durant le long hiver 2008/2009, ce petit groupe, soutenu par nos bénévoles de Caen, solidement épaulé par les stagiaires du Centre de Navigation Caen Normandie, et guidé par un charpentier expérimenté, travaillent d’arrache-pied et dans des conditions souvent difficiles pour rendre navigable celle qui va recevoir le nom de Jacques Chauveau.
A la lumière de l’expérience de quelques temps de navigation, la baleinière reçoit un peu plus tard une légère modification, afin de pouvoir être déplacée à la godille. Ce mode de propulsion est plus facile dans un port étroit.
Enfin, le bateau a été l’objet d’une nouvelle restauration au chantier du Poudreux à Honfleur en 2014/2015 concernant principalement sa quille.
L’exploitant :
Jusqu’à ces derniers temps, l’équipage du Jacques Chauveau, dont les âges des membres était compris entre 16 et 23 ans, évoluait chaque année avec de nouveaux passionnés qui prennaient part au projet. Il en est d’autres que l’assiduité et la rigueur dans les études n’amènent à ne naviguer que très rarement.
Ainsi, les noms qui suivent sont ceux des mousses qui naviguèrent : Benjamin POREE, Benoit et Augustin THOCQUENNE, Louis-Marie VANNIER, Baudouin et Benoit DE FLORIS, Louis-Marie NOEL, Charles et Pierre RANGHEARD, Vianney, François et Etienne BAUCHET, Geoffroy HASTINGS, Joseph CLERVAL, Jean-Baptiste BELLERY, Paul LEROY, Guillaume et Thibault LECOQ.
L’activité :
Ainsi Benoît, l’un des patrons, a reçu préalablement de l’antenne de Toulon, une formation très professionnelle. Au printemps 2009, suite à l’officielle mise à l’eau du 9 mai, les premiers entrainements se sont fait sagement sur le bassin Saint Pierre et le Canal de Caen, plans d’eau calme, où les mélanges d’avirons ne prêtent pas à conséquences bien graves. Quand tout est prêt, la baleinière descend fièrement à la voile et à l’aviron le Canal de Caen à la mer, afin de participer aux Fêtes de Ouistreham. Il lui reste ensuite à rejoindre son port d’attache de Courseulles. La distance à couvrir et la sécurité rendent indispensable qu’elle soit accompagnée d’un remorqueur. Deux bateaux du Centre de Caen en font office et effectuent le voyage de conserve. Ainsi, au début de l’été 2009, le Président Chauveau rentrait à l’aviron dans le port de Courseulles, sous grand pavois et flamme Amerami : magnifique retour d’un de ces vieux bateaux dans ce port, qui marque le commencement de plusieurs années de navigations qui enthousiasmeront à la fois l’équipage régulier et les nombreux marins de circonstance !
C’est le 15 Août de la même année, après la messe solennelle de l’Assomption célébrée sur la digue et à l’occasion de la fête de la mer, que la Baleinière apparait publiquement devant les multiples courseullais et touristes présents pour l’occasion. Convié par un bateau de pêche à se mettre à couple pour trinquer à ce bel évènement, notre jeune équipage fait trois sorties pour promener d’abord les enfants, puis les épouses et enfin les pêcheurs heureux de « tirer sur le bois mort » comme leurs anciens…
Depuis, le Jacques Chauveau a effectué de très fréquentes sorties et fait découvrir à de nombreuses personnes la mer, la voile et l’aviron. Son équipage fait preuve d’une très grande maîtrise, reconnue par ses pairs. Enthousiaste et soudé, il fonctionnait à merveille, dans la joie et la bonne humeur.
Belle image d’Amerami.
Actuellement, la baleinière est disponible pour de nouvelles aventures !
Type : Baleinière à avirons et à voile (MN)
Date de construction : 1950
Matériaux coques : Bois
Matériaux pont : Bois
Matériaux mâture : Bois
Matériaux gréement : Bois
Gréement : 2 mâts; houari dit « militaire avec les vergues en prolongement des mâts dotés d’une forte quête arrière
Voilure : GV de 6,7 m2, misaine de 5,5 m2, foc de 1,9 m2
Surface de voilure : 14.1 m2
Longueur hors tout : 7 m
Largeur : 1.8 m
Poids à vide : 0.88 t
Propulsion principale : Aviron • Voile
Utilisation : Marine Nationale
Equipage : 6 rameurs
Autres caractéristiques : 880 kgs en ordre de marche, sans équipage.